"Mon histoire avec la viticulture part d’une histoire familiale. Je ne suis pas originaire de Saint-Saturnin, je suis originaire de Montpellier. La vie fait les rencontres et j’ai rencontré mon mari qui était d’Arboras. Il avait des vignes sur Arboras et Saint-Saturnin. On s’est marié et on est venu habiter à Saint-Saturnin. C’était mon mari qui était exploitant agricole pendant de nombreuses années. Il est décédé et à ce moment-là j’ai décidé de poursuivre l’exploitation en recrutant un salarié. A partir de là, je suis devenue exploitante agricole. Cela ne veut pas dire que je n’aimais pas ce milieu ni cette activité, bien au contraire puisque j’ai toujours été très curieuse de connaître ce métier, de savoir et de pouvoir participer à certains travaux, y compris de savoir conduire un tracteur, ce qui n’était pas le cas de toutes les conjointes d’exploitants. Connaître ce métier m’a permis de vouloir continuer. Quand je suis arrivée sur l’exploitation, j’avais mon activité à Montpellier, dans l’administration. Je m’impliquais quand je pouvais, le week-end par exemple. J’ai essayé certains travaux qui ne m’ont pas tout à fait réussi comme la taille par exemple mais quand il y avait des travaux même physiques je participais. On avait 25 ha à cette époque et on faisait les vendanges manuelles auxquelles mon mari était favorable. Je prenais chaque année un mois de congés sans solde pour faire les vendanges. J’étais donc complètement impliquée dans le résultat d’une année de travail : on se rend compte de l’importance que cela a quand on fait les vendanges !
Mon père avait des origines viticoles. Il n’était pas dans le métier, c’était ses parents qui avaient des vignes. Le hasard a voulu que je me retrouve à 3 km de son village d’origine qui était Montpeyroux. J’étais déjà sensibilisée à la viticulture puisque mon père avait dans un petit jardin qu’on avait gardé un carré de vigne et on faisait chaque année les vendanges. On voyait des ceps de vigne, des souches, des seaux, des sécateurs. Quelqu’un venait nous chercher notre petite vendange qui était vraiment confidentielle et il m’a transmis ce goût pour la vigne. Donc, quand je suis arrivée par mon mariage dans ce milieu, j’ai vraiment appréciée d’être là et j’ai trouvé que cela m’apportait énormément sur le plan personnel. Cela donne un équilibre d’être proche d’éléments qui sont essentiels à la nature.
Pour moi, tout fait référence à des hommes. Je n’ai pas vraiment connu les premiers hommes qui ont créé cette cave, mais je leur suis reconnaissante. C’est la valeur de la transmission humaine. Ces hommes-là sont des pionniers pour moi. Ils ont eu l’idée de créer une cave mais il y a eu en plus l’envie de regrouper des villages autour de cette cave. Or, les guerres de clochers existaient. Malgré cela, ils sont arrivés à créer une cave pour Saint-Guiraud, Arboras, Jonquières et Saint-Saturnin ce qui est pour moi énorme. Ensuite, ils ont su imaginer un avenir avec la mise en bouteille. Ensuite, ils ont personnalisé les bouteilles avec les écussons. A chaque fois, ils ont créé quelque chose et une histoire.